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Bouddhisme au féminin - Partageons nos aspirations, nos questionnements, nos compréhensions


Les livres et films de ce numéro

(Les ouvrages en anglais peuvent être commandés  sur www.amazon.fr )
Certains ouvages ne sont plus disponibles que d'occasion, voir sur le site d'amazon, et aussi sur abe.books
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1 - Livres sur ou par des femmes

 

Journey in search of the Way, the spiritual autobiography of Satomi Myodo

Cette autobiographie décrit la quête et l'illumination d'une femme dans le Japon moderne.

Satomi Myodo a rejeté les rôles traditionnels de bonne épouse et de bonne mère, elle a rompu avec un passé difficile et suivi son chemin spirituel en commençant par être la disciple d'un prêtre shinto.

Elle deviendra elle-même une prétresse shinto avant de se tourner vers le Zen, encouragée par une amie dans le Dharma et par différents enseignants.

Sous la conduite de Yasutani-Roshi, elle atteindra le Kensho le but de sa quête pendant toute sa vie. La seconde partie du livre est un commentaire de la traductrice Sally King, qui replace cette autobiographie dans le contexte historique et religieux du Japon d'après guerre.

Plus sur Satomi Myodo

 

 

 

Quand la fleur se fane, où va le parfum ? de Grazyna Perl

Grazyn Perle est enseignante dans la tradition du bouddhisme coréen, voir notre rubrique Enseignantes.

Quelle est la place de la femme dans le bouddhisme ? Existe-t-il une manière spécifiquement féminine d'appréhender des questions comme le pouvoir, l'amour, la sexualité, l'éducation des enfants ou même la mort ? Maître Bon Yo porte sur ces problématiques un double regard : celui d'une maître du Zen de tradition coréenne et éminente disciple de Seung Sahn ; celui d'une femme d'aujourd'hui, qui a choisi de ne pas renoncer à une vie laïque, professionnelle, conjugale et familiale. Parce que le Zen n'est pas une échappatoire " exotique " à la vie quotidienne, mais se pratique ici et maintenant. Née en Pologne dans les années 1960, ancienne styliste de mode devenue artiste-peintre, deux fois mariée et divorcée, mère de deux enfants, Maitre Bon Yo analyse, à la lumière de sa riche expérience, les obstacles rencontrés par les femmes pour accéder à de hautes responsabilités, les difficultés à être reconnues sur leur chemin spirituel, la violence qu'elles subissent parfois, les doutes et les inquiétudes qui les préoccupent. Sa réflexion est nourrie des enseignements traditionnels du Zen, auxquels ce Petit traité constitue l'introduction idéale.

 

 

 

 

Niguma, Lady of illusion

Niguma, Lady of Illusion donne un rare aperçu de l'histoire du bouddhisme féminin. Il s'agit de la vie et des enseignements d'une femme mystérieuse vivant au onzième siècle au Cachemire, qui est à l'origine d'une lignée majeure du bouddhisme tibétain. Les circonstances de sa vie et les qualités extraordinaires qu'on lui lui prêtait sont analysées dans la perspective de la doctrine bouddhiste. Plus qu'une présentation historique, Niguma soulève la question des femmes en tant que chefs spirituels réels par rapport aux images masculines du «principe féminin».

Ce livre comprend les treize textes attribués à Niguma dans le canon du bouddhisme tibétain. Ces oeuvres réunies forment la base d'une ancienne lignée, Shangpa, qui continue d'être activement étudiée et pratiquée aujourd'hui. Dans ces textes figurent la source de pratiques ésotériques comme les Six Yogas et le Grand Sceau ainsi que les pratiques tantriques Chakrasamvara et Hevajra qui sont largement répandues dans les traditions tibétaines. On y trouvera aussi les quelques éléments biographiques disponibles.

"Une figure historique féminine majeure comme Niguma a été voilée par des siècles de mythologie, mais désormais Sarah Harding a habilement réussi à séparer le bon grain de l'ivraie et à révéler quelque chose de la femme derrière la légende, avec sa place dans la tradition Shangpa et ses écrits fascinants sur le Yoga." Jetsunma Tenzin Palmo

Plus sur Niguma

Une interview de la traductrice

 

 

 

2 - Films bouddhistes ou films sur et par des femmes

 

Milarepa

Pour une fois, nous parlons d'un film qui ne traite pas des femmes et qui n'a pas été réalisé par des femmes, mais il s'agit du classique incontournable de la littérature tibétaine qui vient de sortir en DVD.

Deux DVD à dire vrai, l'un est le film proprement dit et l'autre comporte des enseignements de lamas tibétains dont Khandro Rimpoche qui est franchement la plus intéressante et la plus vivante de tous les intervenants.

Précisons que le film ne raconte que la première partie de l'histoire de Milarepa, si on ne le sait pas, c'est une déception.

Cette première partie retrace son enfance, la mort du père qui est d'un milieu aisé, le détournement de l'héritage par l'oncle, l'injustice faite à sa mère, à lui-même et à sa soeur, la misère extrême et l'humiliation. Le désir de vengeance de la mère, l'envoi de Milarepa vers un magicien pour apprendre des pratiques de magie noire, la vengeance proprement dire et le remords qui va tarauder l'apprenti sorcier et l'amener à chercher un maitre pour être délivré des conséquences funestes de ses actes.

Ce qui est bien, c'est que le film est fait par des Tibétains et non par des Occidentaux (qui auraient probablement rajouté des fabrications intello), du coup un respect strict de l'histoire. La réalisation très sérieuse et honnête nous permet de nous projeter dans ce Tibet du XIème siècle pour suivre cette histoire que l'on connait déjà mais que l'on redécouvre tout de même avec beaucoup d'intérêt.
Cela nous permet aussi de voir qu'au Tibet comme partout ailleurs, il y a des gens malhonnêtes, des gens honnêtes, des gens qui respectent les principes de leur religion et d'autres qui les ignorent, ce qui corrige un peu l'imagerie d'Epinal que les médias peuvent brosser du Tibet.

Il est juste dommage que le réalisateur ait cédé au charme funeste des jeux vidéos et ait abusé un peu des effets spéciaux au moment de la vengeance, c'était inutile et ça fait vraiment fabriqué. C'est la seule critique que nous ferons au film.

L'histoire de Milarapa inspire une réflexion, elle est un véritable enseignement en elle-même et c'est sans doute en cela que réside son succès dans le coeur des Tibétains. Milarepa est un être humain soumis aux mêmes passions et attachements qu'un autre être humain, il n'est pas un tulku élevé à l'abri derrière les murs d'un monastère, il vit même dans la misère et doit travailler dur pour manger, il est fiancé à une jeune fille, il est attaché à sa mère et à sa soeur.

Ce qui est intéressant, c'est qu'on peut tout à fait s'identifier avec le désir de vengeance qui habite le coeur de la mère face à quelqu'un qui, année après année, vous a spolié, se moque de vos souffrances et vous défie même d'oser l'affronter. Qui ne porterait pas dans le coeur une amertume face à cette situation ?

Or c'est une fois la vengeance accomplie que l'on touche du doigt que la vengeance n'apporte pas le bonheur. On a fait le malheur de celui qui nous a fait du mal et après ? La souffrance de l'autre ne tarit pas la nôtre, au contraire, on a seulement amassé plus de haine, Cela fait penser également au grand classique de la littérature populaire française : le comte de Monte-Cristo, toute l'histoire tourne autour des moyens à mettre en oeuvre pour arriver à punir les méchants. Et la fin tombe complètement à plat, car une fois que ces méchants sont été punis, Monte Cristo reste malheureux et seul car, contrairement à Milrepa, il n'a aucun support spirituel et ne tire aucune leçon de sa vie.

On attend donc avec intérêt la seconde partie qui verra la rencontre avec Marpa, la mise à l'épreuve, les séjours de pratique dans des grottes, la réalisation ultime, l'empoisonnement et la mort. Le réalisateur doit trouver le budget et les moyens, attendons-donc patiemment.

Une remarque sur la situation des femmes au Tibet à ctte époque. Le père se meurt, il transmet "tout naturellement" son "patrimoine" à son fils, à charge pour son frère de veiller sur celui-ci. Et sa femme ? et sa fille ? pas un mot, elles n'ont droit à rien, elles sont totalement dépendantes des hommes, même si elles passent leur vie à travailler. Une situation encore très courante dans de nombreux pays du monde.

Juste un rappel : (Source Banque mondiale - Voir le site adéquation)
Dans le monde, les femmes effectuent les 2/3 du nombre d’heures de travail et produisent plus de la moitié des aliments, mais elles ne gagnent que 10 % du revenu total, possèdent moins de 2 % des terres, reçoivent moins de 5 % des prêts bancaires.
Elles effectuent la majeure partie du travail domestique et de soins non comptabilisé dans l’économie. En Afrique subsaharienne, elles passent 40 milliards d’heures par an à l’approvisionnement en eau de la famille, ce qui équivaut à une année entière de travail de toute la population active de la France.

Lors des 30 dernières années 552 millions de femmes sont entrées sur le marché du travail et 4 travailleurs sur 10 sont des femmes mais elles gagnent en moyenne 80 centimes contre 1 euros pour les hommes (Rapport Banque mondiale 2012).

218 millions d’enfants travaillent dans le monde, parmi eux, plus de 100 millions de fillettes. Parmi les enfants de moins de 12 ans qui travaillent, les filles (54 millions, dont 20 millions affectées à des tâches dangereuses) sont plus nombreuses que les garçons (OIT). La situation est en aggravation dans le contexte de la crise économique actuelle.

Les femmes constituent 70 % des 1,2 milliard de personnes vivant avec moins de 1 dollar/jour. L’égalité salariale n’existe dans aucun pays. Ainsi, dans l’Union européenne, les femmes gagnent en moyenne 17 % de moins que les hommes. Partout le chômage, la précarité, le travail non qualifié et à temps partiel touchent en premier lieu les femmes. Dans le secteur formel, en moyenne 1 homme sur 8 occupe un poste de haute direction, pour une femme sur 40.

 

 

 

Un an au Tibet

Arte a rediffusé récemment une série de cinq documentaires de trois quart d'heure sur le Tibet "actuel".

Notons tout d'abord que ce documentaire est fait par un chinois, ce qui doit nous amener à la plus grande prudence quant à la réalité de ce qui est filmé.

La première chose frappante c'est justement l'absence de chinois devant la caméra. Quand on sait que la politique de sinisation a conduit à ce que la population chinoise dépasse la population tibétaine, on se demande où ils sont passés.

C'est le premier point, le second point c'est le commentaire en voix off, lorsque ce commentaire critique le discours officiel de la Chine ou le parti communiste, est-ce que cela participe d'une habile politique de présentation pour faire passer le reste du message ou bien ce commentaire en voix off a-t-il été rajouté par les diffuseurs occidentaux ?

A décoder donc au second degré. Qu'est-ce qu'on peut dire de ce qui est montré ? que le Tibet a changé, qu'il s'est modernisé, que les tibétains s'adaptent à ces changements qui ne sont pas tous négatifs, en terme de soins, de communication, d'ouverture sur le monde, de remise en cause de superstitions ancestrales. Le téléphone portable, internet, la télévision sont entrés dans les moeurs, y compris dans les monastères.

Une assez grande partie du reportage est justement consacrée à un monastère (masculin bien entendu) parce que cela correspond à l'image que les gens aiment avoir du Tibet, un monastère de rituels, de cérémonies, d'étude des textes. La pratique méditative semble bien absente. Les jeunes moines ont été envoyés là par leur famille qui en obtiendra du prestige, qu'en est-il d'une vraie vocation ? au Tibet la question ne se pose pas encore semble-t-il. Du coup, il se produit des vols de reliques, probablement pour des trafics organisés par les moines eux-mêmes. Est-ce pour nous convaincre qu'une vision édulcorée et naïve du bouddhisme serait erronée ?

Pour ce qui concerne les femmes, le temps consacré aux nonnes et à une nonnerie se mesure à quelques images à la va vite, sans commentaires, sans interviews, la différence de traitement est frappante. On voit aussi une tibétaine ayant travaillé quarante ans pour le parti et jetée comme une vieille chaussette sans aucun recours, est-ce une cerise sur le gateau pour nous convaincre de l'authenticité et de la liberté du témoignage ? Restons sur ce questionnement sans conclure.

Pour ce qui est des femmes laïques, à la campagne, dans des villages reculés, la polyandrie existe toujours et la façon dont les femmes sont mariées sans leur accord, sans même qu'elles en soient averties jusqu'à l'heure où elles doivent quitter leur foyer est certainement choquante pour nous. Lorsque ce genre de tradition disparaitra, on ne peut que s'en réjouir.
En ville, justement, un jeune couple s'est formé, la jeune femme est venue vivre dans la famille du garçon de façon très simple, dans une acceptation mutuelle qui correspond à l'idée que nous nous faisons de la liberté de chacun(e) à disposer de son propre corps.

à lire : la Chine se décerne un satisfecit pour ce documentaire

et : La réalité de la liberté d'expression en Chine

 

 

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